MRP


Le Material Requirement Planning  (ou PBC pour Planification des Besoins en Composants), conçu dans les années 1960 par Orlicky, est une méthode de gestion des besoins en composants, qui vise à assurer, à partir d’une estimation prévisionnelle de la demande, une programmation cohérente de la production.

Définition

L’objet du MRP est de répondre aux trois questions-clés de la production :

* QUOI (produire) ?

* COMBIEN (produire et acheter) ?

* QUAND (produire et commander) ?

Généralités

Le MRP des années 60 s’est rapidement enrichi notamment grâce au développement de l’informatique qui permet de traiter un nombre croissant d’informations.

En outre, l’approche informatisée de la gestion de production en 1970, à travers la GPAO                          (Gestion de la Production Assistée par Ordinateur), a affiné la planification des besoins en composants.

Généralités

La GPAO permet, à partir d’un plan prévisionnel de production, de déterminer :

         les quantités à lancer et les dates de mise en fabrication de chacun des composants entrant dans la composition des produits finis (même si le produit est complexe)

         si les plans de production et d’approvisionnements ainsi définis sont compatibles avec les ressources de l’entreprise.

Généralités

Le but est bien d’assurer une planification cohérente de la production, c’est-à-dire d’ajuster la charge souhaitée (la quantité à produire) à la capacité disponible (la capacité de production) pour chaque centre de production (pour chaque atelier par exemple)

Le fonctionnement du MRP

Le système de planification des besoins en composants doit disposer d’un certain nombre d’informations pour assurer son fonctionnement interne.


La prévision commerciale / des besoins-clients

La première étape indispensable à la planification des besoins (i.e. au MRP) consiste à obtenir des informations relatives à l’activité à venir de l’entreprise (investissements à réaliser, possibilités de financements bancaires des projets envisagés, effectifs supplémentaires à embaucher…). Il faut donc prévoir les ventes pour la période future dans le cadre de ce que l’on appelle le plan industriel et commercial (PIC)

La prévision commerciale : le PIC

Le PIC est la traduction chiffrée et simplifiée de la stratégie globale de l’entreprise, l’élément de base de la planification des ressources. Il est construit, sous la responsabilité du DG, par l’ensemble des principaux responsables de l’entreprise. Les directions techniques, commerciales et financières, élaborent conjointement ce document, dont l’objectif est de fournir une vision synthétique de l’activité afin d’arriver à une allocation optimale des ressources globales de l’entreprise.

La prévision commerciale : le PIC

Ce travail d’estimation est souvent complexe car la production est diversifiée ou différenciée dans la plupart des entreprises. Le PIC est donc souvent réalisé par famille de produits plutôt que par produit.

Par exemple, les prévisions de ventes de paires de chaussures peuvent être réalisées par modèle, sans tenir compte des différentes tailles. Ce n’est que dans une étape ultérieure que les tailles, les couleurs et autres caractéristiques des chaussures seront réintégrées.

La prévision commerciale : le PIC

Ce plan permet d’évaluer d’une part les besoins financiers engendrés par l’activité, et d’autre part le niveau des stocks. Il fournit également une estimation globale des besoins en machines, en personnels et en matériaux.

Le PIC est annuel ou semestriel, mais il est souvent révisé trimestriellement ou mensuellement.

La prévision commerciale : le PIC

Comme le PIC est d’un niveau d’agrégation élevé, il ne permet pas véritablement d’établir les programmes de fabrication. Il faut donc disposer d’un plan de production plus détaillé qui précisera référence par référence et période par période ce qu’il faut produire. Ce plan détaillé est le plan directeur de production (PDP)

Le plan directeur de production  

Le PDP propose une programmation générale de la production et détermine pour chaque période les quantités à fabriquer pour chaque produit, les différents produits fabriqués par chaque centre de production, l’utilisation des facteurs capital et travail, l’approvisionnement en matières premières et produits semi-finis, ainsi que les plans de sous-traitance.

Il est établit hebdomadairement mais peut être révisé sur la base d’une périodicité quotidienne (tout dépend de l’activité de l’entreprise)

La nomenclature des articles et les gammes de fabrication

La nomenclature d’un produit décrit de façon exhaustive les différents composants nécessaires à sa fabrication ainsi que leur nombre. Son élaboration est délicate, en particulier si le produit à fabriquer est complexe.

Les gammes opératoires décrivent les caractéristiques techniques des produits à fabriquer, ainsi que la durée de fabrication de chacun d’eux.

Les fichiers

Pour planifier son activité, la fabrication doit connaître l’état du stock disponible en composants (1er fichier), mais aussi les livraisons attendues (2e fichier)

La fabrication doit aussi disposer d’un 3e fichier déterminant les priorités de fabrication lorsque la charge souhaitée en production est supérieure à la capacité disponible sur le lieu de production.

Le calcul des besoins  en composants

Les calculs s’effectuent d’abord généralement à capacité infinie (sans tenir compte des ressources nécessaires à la production), puis le système procède à une optimisation à capacité finie – selon les capacités disponibles.

Les systèmes de GPAO permettant ce type de calcul ont largement évolué grâce au développement de l’informatique.

Evolution du système MRP

Le MRP initial des années 1960 ne permettait de raisonner que dans le cadre d’une capacité de production illimitée.

A partir de 1971, les logiciels permettent d’organiser la production en terme de capacité finie. Mais les premiers logiciels ne prennent en compte que les machines ou les postes de travail.

En 1979, ils couvrent l’ensemble des ressources de l’entreprise en intégrant des données de nature financière, logistique, etc. 

Evolution du système MRP

Le MRP (Planification des besoins en composants) « élémentaire » de 1965 devient donc successivement le MRP 1 en 1971 (Méthode de régulation de la production) puis le MRP 2 en 1979 (Management des ressources de la production)

Avantages du MRP (liés au développement informatique)

De la dimension opérationnelle et stratégique du MRP

Dimension opérationnelle : le MRP permet une prise de décision de court terme (plus ou moins procédurale)

Dimension stratégique : c’est un outil de planification au service de la stratégie d’entreprise. 

Dimension stratégique du MRP

L’instrument préalable et indispensable au fonctionnement du système MRP, le PDP, sert à répondre aux deux questions : Que et Quand doit-on produire?

Cette réflexion stratégique se prolonge dans la mesure où les simulations autorisées par les logiciels de GPAO permettent de se demander ce qui se passerait si la demande finale évoluait qualitativement et / ou quantitativement.

Avantages du MRP liés au développement informatique

La flexibilité du MRP

Le MRP est relativement flexible car il permet d’introduire des modifications dans les paramètres et donc de recomposer le plan de production en fonction des nouvelles données internes ou externes à l’entreprise

Ex : modification de la date de production à cause d’un problème ponctuel de maintenance ou d’une grève chez un fournisseur.

Avantages du MRP liés au développement informatique

L’adaptation du MRP à des produits complexes et variés

Ce système est parfaitement adapté à une demande de produits élaborés. L’informatique permet en effet d’intégrer dans les calculs un nombre croissant de paramètres indispensables à la programmation d’un produit sophistiqué.

Avantages du MRP liés au développement informatique

Une gestion optimale des capacités

Le MRP permet une très bonne gestion des priorités de lancement en commande ou en production et donc une gestion performante des capacités de l’entreprise.

Indirectement, cette gestion rigoureuse permet de réduire les stocks (ce qui est loin d’être négligeable quand on sait que le coût des stocks représente en moyenne 25 à 35% des capitaux immobilisés dans les entreprises.)

Les limites du MRP

  Sensibilité du système

Le MRP repose des modélisations comportant un nombre important et croissant de paramètres (jusqu’à plusieurs milliers!) et la planification des opérations est construite sur les prévisions de consommation de produits finis. En conséquence, le système est complexe et très sensible à la qualité des prévisions. Cette sensibilité constitue une source générale de faiblesse du système.

Les limites du MRP 

         Lourdeurs et rigidités du système

ü Systèmes informatiques lourds et coûteux

ü Rigueur nécessaire lors de l’élaboration des nomenclatures, des gammes… qu’il faut normaliser afin de les rendre exploitables par les différents services.

ü Tendance à l’auto-complexification surtout dans les grandes entreprises qui, parce qu’elles disposent d’unités de production nombreuses sont amenées à multiplier le nombre de systèmes de simulation prévisionnels.

Les limites du MRP

  Le MRP victime de son succès 

L’efficacité du MRP dans la régulation de la production et des opérations conduit parfois à la généralisation abusive à l’ensemble de l’entreprise (en particulier la comptabilité analytique et la gestion financière, intéressées par la richesse des informations recueillies et traitées par la GPAO). Ce gigantisme fragilise le système et nuit donc à terme à son efficacité.

Les limites du MRP

 L’émergence du zéro stock et de la production à la demande.

Le MRP est fondé sur une estimation de la demande et ne supprime donc pas les stocks, qui deviennent problématiques dans une logique de rationalisation de la production face à la concurrence internationale. De plus, à partir des années 80 apparaissent les nouveaux principes de gestion japonaise, fondés sur l’élimination des stocks et de toute forme de gaspillage, mais aussi sur l’adaptation immédiate du processus productif à la demande, sans calculs lourds préalables.