INTRODUCTION :
Ces
trente dernières années ont permis l’éclosion de la « fonction
personnel », puis de la fonction « ressources humaines »
dans les entreprises et les organisations. Préoccupées d’abord par
l’administration de leur personnel, les organisations ont progressivement
découvert la gestion et le développement de leurs ressources humaines.
Cette évolution est alimentée
aujourd’hui de multiples productions littéraires : Au champ obscur des
pratiques hésitantes des années 60-70 s’est substitué un vrai domaine de
recherches et de pratiques formelles, conceptualisées et instrumentalisées.
Les idées vont sans doute plus vite que les
faits, car les habitudes sont tenaces et les réalités économique et sociales
sont contingentes. Il faut donc à tout prix éviter l’écueil d’une formalisation
trop optimiste qui soulignerait une fois de plus le divorce entre la théorie et
le pratique.
Si la formation des nouveaux cadres et
techniciens de la fonction ressources humaines est désormais un impératif
incontournable pour l’évolution m^me des entreprises, celle de tous ceux qui,
dans l’exercice des responsabilités, auront à gérer et à animer des hommes et
des femmes au travail, devient un enjeu fondamental. Il faut donc préparer les
multiples compétences dont ce domaine aura de plus en plus besoin.
PARTIE I : VERS UNE
VISION STRATEGIQUE DE LA GRH
A/ HISTORIQUE :
Depuis le début du siècle jusqu’aux années 1960, plusieurs approches de
la GRH se sont développées :
1/ L’organisions scientifique du travail
(OST) :
Pendant
le premier quart du siècle, le monde industriel va connaître l’apparition du
travail en série et des chaînes de montage. Le travail artisanal disparaît pour
faire place à un travail rationalisé.
F.W Taylor, un ingénieur de la
Midvale Steel Compagny, a su au moment opportun, au début du siècle, fédérer
quelques idées essentielles te promouvoir L’organisation Scientifique du
Travail (OST), qui va s’imposer comme une théorie fondamentale de
l’organisation et devenir rapidement le dogme de l’industrialisation dans la
première moitié du siècle.
On
peut résumer la pensée taylorienne autour de quatre grands principes :
· Développer une approche
scientifique afin de déterminer la méthode la plus efficace pour effectuer la
travail (« the one best way ») ;
· Séparer définitivement
la conception de l’exécution du travail ;
· Sélectionner l’individu
le plus « habile » pour accomplir la travail ainsi défini (« the
right man for the right job ») ;
· Contrôler la
performance de l’opérateur, grâce à la prescription des opérations à exécuter,
à un encadrement rigoureux et à la stimulation du rendement .
La division, la rationalisation et le
contrôle du travail sont au cœur du mouvement taylorien. Taylor peut être
considérer comme me précurseur du directeur des ressources humaines aujourd’hui.
2/ L’école des
relations humaines :
La psychologie des organisations s’intéresse
surtout à l’étude du comportement des individus et des petits groupes au sein
des organisations de travail. Cette discipline étudie les structures, le
fonctionnement et la culture des organisations, en tant que réalités qui
peuvent avoir une influence sur le comportement des individus.
a1/ l’apport d’Elton MAYO :
Dès le début des années 1930, E .MAYO
a formulé des principes de base sur le comportement de l’homme dans
l’organisation. Ils lui ont été inspirés par des recherches menées à la Western
Electric Compagny de Chicago « Etudes de Hawthorne ». Ces principes
se résument ainsi :
1. L’entreprise est tout
autant un système social qu’un système techno économique. Ce système social définit
des rôles et établit des normes ;
2. L’individu est motivé
non seulement par l’argent mais par des facteurs d’ordre psychologique. Son
comportement est influencé par des perceptions, des attitudes et des sentiments ;
3. Le groupe de travail
est une unité à considérer dans les attitudes te le rendement de
l’individu ;
4. Les styles de leadership
définis par la structure formelle et par l’autorité doivent tenir compte des
facteurs psychologique et sociologiques.
Les principes de E.MAYO ont été à la
base du mouvement des relations humaines aux USA. L’accent a été mis sur le
rendement tout en conservant un bon climat social : les méthodes de
leadership démocratiques étaient préférées.
b/ Les sciences du comportement :
Vers les années 60, les sciences du
comportement ont été constitué un 2ème courant important et actuel.
Les conclusions de ces études avaient démontré que le comportement humain
jouait un rôle important dans l’augmentation de la productivité .
Les auteurs qui ont contribué à
l’étude du comportement sont D.Mac Gregor et Rennis Likert.
Les théories de ces auteurs ont alimenté fortement la gestion RH
B/ L’APPROCHE SYSTEMIQUE :
Vers la fin des années1960, la notion
de « système », fondée par L.V Bertalanfy,
était devenu la pensée managériale dominante.
Appliquée à la GRH, l’idée de système
fait ressortir la double finalité économique et humaine des organisations de
travail, à savoir la production de biens et services dans une perspective de
rentabilité et la satisfaction des travailleurs engagés dans la poursuite de
cette finalité économique.
Ces deux objectifs sont souvent
opposés. La vision systémique essaye de résorber ces oppositions en vue d’un
équilibre entre les deux.
C/ L’APPROCHE STRATEGIQUE :
Depuis le début des années 80, on
assiste à une nouvelle conceptualisation de la GRH. L’élaboration de différents
modèles de gestion stratégique permet d’orienter la réflexion et la pratique
dans une direction différente de l’approche systémique, mais qui en constitue
une sorte de prolongement.
La gestion stratégique des ressources humaines
cherche à établir un lien opérationnel entre les stratégies f’entreprise et les
stratégies de gestion des ressources humaines. Un tel lien suppose que le
responsable des RH soit un membre de l’équipe de direction pour introduire la
dimension « ressources humaines » comme un choix stratégique tel le
capital, la technologie…etc.
Parmi les motifs qui ont favorisé le
développement de cette conception stratégique, on cite :
-L’internationalisation des
marchés ;
-La complexité et la taille des organisations existantes ;
-Les nouvelles aspirations des
personnes ;
D/
LE MANAGEMENT PARTICIPATIF :
Le management participatif résume
l’ensemble des démarches et des moyens promus dans l’entreprise pour impliquer
plus concrètement les salariés dans un processus de décision.
Dans la théorie classique, le concept
de hiérarchie renvoie à l’obligation d’une dépendance vis-à-vis d’un pouvoir
structuré. Il a été vécue et pensée comme une restriction à l’autonomie des
salariés ; Rien d’étonnant alors que les acteurs de l’organisation aient
développé des attitudes de fuite passive ou réactive vis-à-vis de leur
organisation.
Le management participatif s’inscrit
dans une redéfinition du concept de hiérarchie ou se trouve promu le partage de
responsabilités .
Les principaux outils qui reflètent
les principes et pratiques actuelles du management participatif sont :
· Les cercles de qualité ou cercles de progrès :
l’un des outils les plus diffusés du management participatif, ils se sont
surtout généralisés depuis 1982. Leur principe de fonctionnement repose sur la
constitution d’un groupe d’opérateurs, tous volontaires, appartenant au même
groupe de travail et va identifier, analyser et résoudre les problèmes qui se
posent dans l’organisation quotidienne du travail. Les cercles de qualité ont
deux objectifs essentiels :
*Rechercher les
plus petits éléments susceptibles d’accroître la productivité de l’unité,
*Favoriser
l’évolution des échelons d’exécution.
· Le projet d’entreprise : il s’agit de
définir nue sorte de « dénominateur commun » à partir duquel chaque
entité de l’organisation participe au développement de l’entreprise.
PARTIE II :
GENERALITES DE LA GRH
A/ DEFINITION ET OBJECTIFS :
La gestion des ressources humaines
est : « le recrutement, la sélection ,le développement,
l’utilisation et l’adaptation des ressources humaines par les
organisations ».
De là, on peut identifier les
objectifs d’une telle gestion, à savoir :
1. L’ajustement des
effectifs, afin d’assurer qu’en tout temps, la direction pourra disposer, en
quantité et qualité, du personnel nécessaire et suffisant ;
2. L’ajustement des moyens
adéquats, tels les services pour la recrutement, l’accueil, la
rémunération,… ;
3. La motivation des
hommes au travail : les travailleurs devront trouver dans l’entreprise des
satisfactions répondant à leur besoins.
B/ LES DOMAINES D’INTERVENTION DE LA GRH :
1/L’embauche et la
gestion prévisionnelle des emplois :
C’est une branche de la GRH qui a
pour objectif d’analyser l’évolution des ressources ne personnel et de prévoir
les ajustements nécessaires.
Une fois les besoins identifiés, la
procédure de recrutement peut être engagée. Elle comprend trois étapes :
la prospection, la sélection et l’accueil.
· La prospection :
elle traduit une attitude active de l’entreprise par rapport à la gestion de
ses effectifs. Les méthodes de prospection sont différentes selon la hiérarchie
et la spécificité de la fonction ;
· La sélection :
elle se fait en deux étapes :
*Une
présélection qui permet d’écarter toutes les candidatures qui ne répondent pas
aux besoins ;
*Une sélection finale qui détecte la
meilleure candidature possible. La sélection se fait
à travers plusieurs méthodes : le curriculum vitae, les tests
psychotechniques, l’essai professionnel, l’entretien et la
recommandation.
+Modèle d’entretien :
« Mes trois trucs »
*Je focalise sur les
chiffres : résultats, performances, moyens à sa disposition. Je mesure
ainsi son réalisme.
*Je le teste de façon directe : « Que savez-vous
faire ? ». Si cela le déstabilise, c’est qu’il n’est peur être pas
fait pour occuper un poste de management.
*Je regarde ce qui révèle le charisme : le visage mobile, les yeux
attentifs, la poignée de main franche…
Nicolas Dufourcq, PDG de Wanadoo.
· L’accueil : il
suit le choix du candidat. Il se décompose en un accueil administratif (
immatriculation, déclaration administrative) et en un accueil professionnel
(présentation de l’entreprise, de sa culture, du travail à effectuer). L’accueil
du salarié peut également passer par une véritable période de formation.
2/ L’administration du personnel :
a/ la rémunération :
· Qu’est ce que la
rémunération ? Elle présente le salaire perçu par l’employé en
contrepartie du travail effectué dans l’entreprise. Elle présente une partie
importante de la politique de gestion du personnel, en donnant un feed-back
tantôt positif, tantôt négatif.
· Les systèmes de
rémunération : on en distingue deux types :
*Les
systèmes de base : comprennent le salaire au temps, la salaire au rendement
et le salaire mixte.
*L’individualisation ou salaire au
mérite : l’entreprise peut être amenée
parfois à ne récompenser que ses meilleurs salariés, et pour çà, elle a recours
à plusieurs modalités
d’individualisation : les résultats mesurables et les résultats évalués
par un supérieur hiérarchique.
b/ la motivation et l’implication du
personnel :
L’un des principes de base du
management est que le rendement d’une personne dépend de son niveau de
compétence et des motivation. La compétence à elle seule ne suffit pas pour
atteindre une productivité optimale,la personne doit être motivée. On
distingue :
· Les motivations
économiques : montant du salaire, régularité du salaire, avantages
financiers et sociaux..
· Les motivations
professionnelles : nature de travail, environnement du travail, adaptation
du travail à l’homme.
· Les motivations liées
au groupe de travail : importance du groupe de travail, importance de
l’information, importance des relations avec l’encadrement.
· L’implication du
personnel : l’implication est fondée sur la cohérence entre le travailleur
et les valeurs de l’entreprise. Elle consiste à :
*Accepter les valeurs de l’entreprise ;
*Agir dans le sens des buts et objectifs de
l’entreprise ;
*Avoir le désir de participer.
3/ La politique de
promotion :
La recherche de promotion est une
aspiration légitime chez les salariés et un moyen efficace pour les entreprises
de permettre une adhésion complète et continuelle de ces derniers aux objectifs
de l’organisation.
a/ L’évaluation et la promotion du personnel :
L’appréciation
des cadres à l’aide des techniques de fiches d’appréciation et d’entretiens
permet de :
· Connaître le
cadre ;
· Evaluer ses performances ;
· Prévoir et planifier sa
formation ;
· Le conseiller.
Cette évaluation permet de décider des
augmentations individualisées, du niveau des rémunérations, de faire bénéficier
le personnel de promotions, de décider des actions de formation et
éventuellement de prendre des sanctions.
b/ Les dimensions de la promotion :
La promotion présente plusieurs façons
complémentaires :
· L’augmentation
importante de la rémunération individuelle ;
· L’élargissement et
enrichissement de la fonction exercée ;
· L’élévation de la
qualification.
c/ Les politiques de promotion :
1.Promotion « au
coup pour coup » : au moment du départ d’une personne à un niveau
hiérarchique donné, on la remplace par une personne d’un niveau inférieur. Non
préparée, cette forme de promotion conduit souvent à des difficultés.
2.Promotion dans le cadres de
la GPE : cette promotion est préparée. La personne promue a été préparée et
son propre remplacement est lui aussi programmé.
4/ La formation :
C’est avant tout une nécessité
pour rester compétitif. Dans un environnement de changement, la capacité de
survie de l’entreprise dépend avant tout de sa flexibilité . Pour la
gestion du personnel, la flexibilité concerne la durée du travail mais aussi la
polyvalence des compétences. Ces formations sont dans la plupart des cas
incluses dans le temps de travail.
La formation a quatre objectifs :
· Recycler :
c'est-à-dire adapter le personnel à de nouvelles techniques ;
· Mettre à niveau :
le personnel ayant des insuffisances professionnelles ;
· Permettre la promotion
interne : ou améliorer les compétences reconnues ;
· Reconvertir :c'est-à-dire
former un personnel dont la spécialité est obsolète ou inutile pour
l’entreprise afin de l’employer à d’autres tâches, ou de lui permettre de
trouver un emploi après son licenciement.
Outre son intérêt technique, la formation
présente un avantage en tant qu’élément de motivation.
4/ Communication et
dialogue social :
La communication devient une composante
de plus en plus importante dans la stratégie de l’entreprise. L’établissement
d’un dialogue social consiste a lever ou diminuer les barrières entravant cette
communication, et faciliter par la suite la circulation et l’assimilation de
l’information.
La
communication interne dans l’entreprise vise trois objectifs :
1. Informer les salariés
sur tout ce qui concerne l’entreprise, dans le but d’améliorer la cohésion sociale
en donnant un sentiment d’appartenance (affichage, journal
d’entreprise,.. ;
2. Permettre l’expression
des groupes te des individus (réunions, boîtes à idées, cercle de
qualité,..) ;
3. Eviter les conflits en
prévenant les mécontentements et en favorisent la négociation.
Une communication peur être verticale ou
horizontale , formelle ou informelle
5/Les relations de
travail dans l’entreprise :
a/ Les représentants du personnel :
On distingue trois principales instances
de représentation du personnel :
1. Le comité de l’entreprise :
il est consulté sur toutes les questions intéressants la marche de l’entreprise
et sur toutes les décisions arrêtant les grandes orientations dont dépendent le
développement de l’entreprise ,dès lors que celles-ci peuvent avoir des
répercussions sur l’emploi et le gestion des ressources humaines.
Au-delà de son rôle économique et
professionnel, le comité de l’entreprise a aussi une vocation
socioculturelle : Organisation de manifestations sportives et culturelles,
restaurant d’entreprise.
2. Les délégués du personnel : ils répondent à
une autre préoccupation. Leur mission est de présenter à leur employeur toute
réclamation, individuelle ou collective relative à l’application du code de travail.
Ils peuvent également saisir l’inspection du travail.
3. Les sections syndicales : elles sont
constituées dans les entreprises occupant au moins 50 salariés. Désignés par
les syndicats représentatifs dans l’entreprise, les délégués syndicaux représentent
leur organisations auprès du chef d’entreprise, et défendent les intérêts
professionnels de leurs mandants. A ce titre, ils ont compétence pour négocier
et conclure des accords d’entreprise. Au
Maroc, les trois grandes centrales syndicales sont : l’UMT
(Union Marocain du Travail), l’UGTM (Union Générale des
Travailleurs du Maroc), et le CDT(Confédération Marocaine de
Travail).
b/ Le conflit :
Le conflit dans l’entreprise est une donnée
fondamentale des relations de travail. Ce b’est pas un phénomène ponctuel ou
accidentel de la vie de l’entreprise, même s’il témoigne parfois de l’impasse
dans laquelle s’est engagée un processus de régulation.
Le conflit peut prendre
différentes expressions latentes ou manifestées : freinage, sabotage,
arrêts de travail, boycott, mais la grève demeure sans doute la modalité la
plus visible des conflits collectifs.
Bien que les grèves puissent
apparaître pour différentes raisons, avoir été longuement préparées ou être
spontanées, et avoir des objectifs distincts, elles se caractérisent cependant
toutes par un arrêt de travail temporaire décidé par un groupe de salariés ou
par leurs organismes syndicales pour exprimer ou appuyer une revendication.
Tout conflit a sa propre dynamique,
mais dans tous les cas il suit ce cheminement :
· Le déclenchement :
peut être lié à de multiples causes ;
· Le déroulement :
dépend souvent du premier face à face entre les protagonistes et de leur
logique d’engagement dans le conflits ;
· Le dénouement :
solde en principe le conflit ouvert. Il permet un accord, parfois minimal et
établit à nouveau le statut entre l’employeur et les salariés.
c/ La
négociation :
La
négociation collective est un processus par lequel les partenaires sociaux
-employeurs et salariés- définissent de façon concentrée un ensemble de règles
qui régiront le fond et la forme de leur rapport.
La négociation apparaît bien comme le
processus type de la régulation des rapports sociaux puisqu’elle tente, à
travers une procédure de discussion, de concilier par un accord, des points de
vue, des intérêts qui ne sont pas d’emblée convergents.
La négociation tire sa
dynamique de trois éléments essentiels : le contexte, l’objet et les
protagonistes.
Bien qu’il soit difficile
de reconnaître à travers les pratiques actuelles une véritable systématisation
de la procédure de la négociation sociale, trois phases peuvent être néanmoins
distingués :
· La préparation de la
négociation : ou chaque partenaire évalue le type et le nombre de demandes
et de propositions qui pourront être faites sur la table de négociation ;
· Le déroulement de la
négociation : constitué du protocole de la négociation, de la négociation
proprement dite et le résultat de la négociation ;
· La définition du terme
contractuel .
d/ Vers un renouveau des relations sociales :
L’éclatement des
représentations et des modes d’expression traditionnels du conflit social, les
nouvelles formes d’organisation du travail, le développement des pratiques de
concentration et de management participatif dans l’entreprise témoignent d’ores
et déjà d’une transformation plus ou moins radicale des relations professionnelles.
Les nouvelles formes des
régulation sociale (ex : les groupes d’expression) présentent plusieurs
limites, ce qui pousse à croire que la négociation collective doit s’imposer à
nouveau mais dans un cadre totalement renouvelé
quant à son objet et à ses pratiques.
C/ PROFIL D’UN DRH :
Dans les pays développés, la
profession du directeur de ressources humaines n’a pas de règles établies, et
les DRH sont d’origines très divers.
Dans les années 60, des
relations très divers avec les syndicats faisaient chercher des juristes
chargés d’interpréter la loi.
Dans les années 70, c’était
surtout des psychologues et des sociologues qui proposaient une amélioration de
« relations humaines ».
Aujourd’hui, il faut
entraîner l’adhésion du personnel et créer l’enthousiasme. Les anciens élèves
des écoles de commerce et de sciences politiques sont les bienvenus pour des
opérations de marketing interne.
En général, cette fonction nécessite
plusieurs compétences, et le DRH qui réussira sera celui qui saura faire
affirmer :
· Un haut niveau de
volonté d’action quotidienne concernant la qualité de la GRH, considérée comme
un seul ensemble ;
· Une exigence, accrue de
professionnalisme collectif et individuel, des « ressources
humaines », répercutée aux différents niveaux opérationnels ;
· Une recherche
d’efficacité orientée autant sur les processus de travail, que sur les
résultats immédiats.
« L’efficacité de
l’organisation dépasse rarement l’efficacité du comité de direction »
D/ STRUCTURE
DU SERVICE RH :(VOIR ANNEXE)
Gestion
des Ressources Humaine au MAROC
PARTIE
I : ENQUETES GRH AU MAROC
A/ ENQUETE D’
ARTHUR ANDERSEN BUSINESS
1/ Une fonction RH encore fragile dans certaines de ses attributions :
1/ Une fonction RH encore fragile dans certaines de ses attributions :
Les rôles opérationnels d'Expert administratif et de Mobilisateur des collaborateurs ont déjà été concrétisés par la mise en place de chantiers comme le système d'appréciation annuel, la description approfondie de fonction, l'informatisation de la paie, la formalisation de projet d'entreprise (objectifs et valeurs), les séminaires de formation, la variabilisation de la rémunération (primes de performance et avantages).
Les rôles de Partenaire stratégique et d'Acteur du changement sont globalement acceptés et reconnus par les dirigeants mais encore trop rarement matérialisés. D'une part, le manque d'outils de gestion prévisionnelle des compétences ne permet pas en effet à la fonction de développer suffisamment son rôle d'anticipation et de conseil stratégique ; et d'autre part le manque supposé de connaissance du terrain et de partage avec les opérationnels, ne permet pas à la fonction de s'épanouir dans son rôle d'acteur du changement.
2/ Des préoccupations qui migrent de manière pertinente des processus vers les Hommes (leurs compétences et leur motivation) :
La fonction RH au Maroc a priorisé ainsi ses objectifs de travail :
1-développer les compétences,
2-motiver le personnel,
3-être un moteur du changement,
4-maintenir la paix sociale,
de même que ses chantiers :
1-mise en place d'un système de gestion des carrières et mobilité,
2-mise en place d'un référentiel de compétences,
3-refonte du systèmes de compétences,
4-optimisation des processus RH.
1-mise en place d'un système de gestion des carrières et mobilité,
2-mise en place d'un référentiel de compétences,
3-refonte du systèmes de compétences,
4-optimisation des processus RH.
Ses spécificités, par rapport aux fonctions
européennes, sont la nécessité récurrente de développer les compétences des
collaborateurs comme objectif prioritaire, faisant écho à l'insuffisance de
qualification de certaines catégories de main d'œuvre, ainsi que l'importance
donnée au maintien de la paix sociale, qui démontre la place élargie encore
tenue par les négociations avec les représentants sociaux.
La fonction RH au Maroc doit passer par l'optimisation de tous ses processus administratifs, le partage de ses responsabilités avec les opérationnels et surtout par la conversion de son effectif vers davantage de collaborateurs très qualifiés et/ou originaires de fonctions opérationnelles de l'entreprise afin de renforcer le pôle Développement des RH au sein de la fonction.
3/ Des axes de progrès identifiés :
La fonction RH au Maroc doit passer par l'optimisation de tous ses processus administratifs, le partage de ses responsabilités avec les opérationnels et surtout par la conversion de son effectif vers davantage de collaborateurs très qualifiés et/ou originaires de fonctions opérationnelles de l'entreprise afin de renforcer le pôle Développement des RH au sein de la fonction.
3/ Des axes de progrès identifiés :
- Une inexorable bipolarisation des catégories de collaborateurs. Le fossé social de l'organisation se creuse encore entre les cadres et les non-cadres, mais aussi de plus en plus entre les bons éléments qui sont valorisés au sein de l'entreprise et les moins performants.
- Une fonction encore trop administrative. Trop souvent considérée comme une fonction de support et un centre de coût, la fonction Ressources Humaines est encore largement administrative et peu prospective.
- Des formations professionnelles encore très « techniques » . Elles représentent plus des 3/4 des formations ; ceci au détriment des formations plus « comportementales » et relationnelles portant sur le management d'équipe, la relation commerciale et la communication.
- Des entretiens annuels d'appréciation généralisés mais largement perfectibles. La forte majorité des grandes entreprises ont mis en place un système d'évaluation annuelle pour leurs encadrants mais la plupart du temps les appréciations se basent sur la fixation d'objectifs en délaissant l'évaluation des compétences mises en œuvre pour l'atteinte de ces objectifs.
- Une mobilité interne trop limitée et non-optimisée. En moyenne, seulement 2% des effectifs de l'entreprise font l'objet de mobilité interne. De plus, cette mobilité ne s'inscrit généralement pas dans une stratégie de gestion et de développement des compétences pour l'organisation et pour l'individu.
- Des rémunérations pas assez stimulantes pour les collaborateurs. Alors que la variabilisation de la rémunération (prime de performance, bonus) ne concerne encore majoritairement que les cadres, les augmentations sont encore trop souvent collectives. La détermination du niveau de rémunération ne s'effectue en outre que trop rarement à partir de critères liés au marché du travail, au profil du collaborateur et aux responsabilités de sa fonction.
- Une communication encore la plupart du temps à sens unique. Alors que la communication descendante se généralise, la communication ascendante et l'écoute des collaborateurs demeurent embryonnaires. Trop peu d'entreprises font appel entre autres à des enquêtes de climat social et de niveau de satisfaction.
- Une insuffisance de suivi d'indicateurs de performance appropriés. Alors qu'elle doit renforcer son efficacité de gestion, garantir l'efficience des processus administratifs, la fonction ne possède pas encore de tableaux de bord de suivi d'activité avec des indicateurs précis et efficients, comme le taux de satisfaction interne, le coût d'un bulletin de paie, le coût d'un recrutement.
4/ Une crédibilité interne et une orientation business à renforcer :
La fonction Ressources Humaines doit prouver sa valeur contributive et sa pertinence auprès de ses clients internes, les dirigeants, les responsables opérationnels et les salariés.
Mais il ne s'agit pas seulement, comme nous l'avons vu précédemment, de devenir un associé et un conseil écouté des dirigeants en matière de stratégie, de préparer et d'aider l'organisation à affronter les changements, de mobiliser les collaborateurs, d'optimiser l'administration du personnel, il est aussi impératif, selon Arthur Andersen :
- d'aligner le management des Ressources Humaines avec les objectifs globaux de l'entreprise,
- de développer une stratégie RH intégrée aux opérations,
- de construire un système global de gestion des hommes commun à toute l'entreprise
- de mesurer régulièrement l'efficacité de la gestion des Ressources Humaines afin d'obtenir une gestion des Ressources Humaines totalement business minded .
B/L’ENQUETE
D’OPTIMUM CONSEIL-L’ECONOMISTE
Les conclusions de l'enquête Optimum Conseil-L'Economiste sur la fidélisation des cadres sont telles qu'un dirigeant n'a pas hésité à parler de “l'An zéro de l'analyse des ressources humaines au Maroc” lors du débat qui a suivi la présentation des résultats. Les travaux ont touché plus de 70 grandes entreprises, 200 managers et autant de cadres, répartis dans dix secteurs différents .
Les conclusions de l'enquête Optimum Conseil-L'Economiste sur la fidélisation des cadres sont telles qu'un dirigeant n'a pas hésité à parler de “l'An zéro de l'analyse des ressources humaines au Maroc” lors du débat qui a suivi la présentation des résultats. Les travaux ont touché plus de 70 grandes entreprises, 200 managers et autant de cadres, répartis dans dix secteurs différents .
Au vu des données recueillies par les équipes
d'Optimum Conseil, il apparaît clairement que la fidélisation est un réel
problème dans les entreprises, lié à son avenir à moyen et long termes.
Deuxième leçon: de plus en plus d'entreprises sont touchées par les départs de leurs cadres. Sur la période ciblée par l'enquête (1999-2000), 38% des sociétés affirment avoir enregistré des démissions dans leur effectif cadres. Le taux de turn over moyen des cadres dans les entreprises de l'échantillon s'élève à 20%, mais il est peu significatif dans la mesure où les chiffres d'une petite minorité des secteurs influencent considérablement la moyenne globale. Reste que dans certains cas, on observe des ratios pouvant aller jusqu'à 29%.
Les départs volontaires touchent surtout les cadres les plus jeunes (entre 1 et 5 ans d'ancienneté) pour qui la mobilité est une preuve d'adaptabilité. Le cycle de changement s'est raccourci, fait remarquer Assia Aïouch, DG du cabinet Optimum Conseil/Groupe BPI. Selon les résultats de l'enquête, il s'élève aujourd'hui à trois ans contre cinq auparavant .
Alors,
la jeune génération serait-elle si infidèle? Sur ce point, comme sur les causes
de démission, managers et cadres divergent: les premiers estiment qu'il faut au
moins cinq ans pour rentabiliser un investissement de recrutement alors que les
seconds pensent que trois ans sont suffisants pour maîtriser un métier et
accumuler un capital expérience.
1/ Gare au réajustement des rémunérations :
Les chefs d'entreprise sont conscients que les outils de fidélisation gagneraient à être plus synchronisés avec les attentes des cadres, mais cela n'apparaît pas dans leur grille des priorités. La notion de progression de carrière n'est assurément pas la même des deux côtés. Les cadres sont tournés dans une logique individuelle alors que les entreprises focalisent sur des processus collectifs. Ce décalage est l'une des plus importantes conclusions que révèle l'enquête Optimum Conseil. De ce fait, la déception de la première expérience apparaît comme une explication majeure de la démission des cadres. Celle-ci découle parfois aussi du “choc” créé par le décalage entre l'image de l'entreprise vendue au cadre et les réalités à l'intérieur. La mobilité externe serait davantage liée aux causes internes à l'entreprise qu'à l'appel des sirènes de la concurrence.
1/ Gare au réajustement des rémunérations :
Les chefs d'entreprise sont conscients que les outils de fidélisation gagneraient à être plus synchronisés avec les attentes des cadres, mais cela n'apparaît pas dans leur grille des priorités. La notion de progression de carrière n'est assurément pas la même des deux côtés. Les cadres sont tournés dans une logique individuelle alors que les entreprises focalisent sur des processus collectifs. Ce décalage est l'une des plus importantes conclusions que révèle l'enquête Optimum Conseil. De ce fait, la déception de la première expérience apparaît comme une explication majeure de la démission des cadres. Celle-ci découle parfois aussi du “choc” créé par le décalage entre l'image de l'entreprise vendue au cadre et les réalités à l'intérieur. La mobilité externe serait davantage liée aux causes internes à l'entreprise qu'à l'appel des sirènes de la concurrence.
Aux attentes individuelles de leurs collaborateurs, les entreprises ont tendance à opposer des processus privilégiant d'abord l'organisation. Aussi, activent-elles dans leur démarche trois leviers essentiels: la communication (81% des entreprises sondées), l'optimisation du processus de recrutement et l'intégration des nouvelles recrues. Dans les trois cas, la démarche est bien éloignée des attentes des cadres. C'est un peu comme si les deux parties n'émettaient pas sur la même longueur d'ondes.
Toute la problématique est de
concilier entre mobilité, fidélisation, changement et continuité.
Dirigeants et cadres reconnaissent l'importance de la rémunération en tant que facteur de motivation et de fidélisation: “une rémunération stimulante et personnalisée” arrive au deuxième rang des attentes pour 59% des cadres. Tandis que près des 2/3 des entreprises (64%) affirment avoir déjà mis en place des plans de rétribution attractifs. Cette belle unanimité est à nuancer cependant: pour les cadres, le salaire fait partie d'un package global dans lequel des processus opérants de gestion de carrières et d'accompagnement individuel occupent une place de choix.
Important pourvoyeur de l'emploi des cadres, le groupe ONA a recruté 500 cadres entre 1997 et 2000, soit près du tiers de son effectif d'encadrement (1.300 personnes). Sur les cinq cents cadres, 20% sont partis au bout de 1,5 et 2 ans : une politique de carrières insuffisante aux attentes des cadres, voire un écart entre le discours, l'image, les valeurs du groupe et le vécu dans ses nombreuses filiales. La holding privée numéro un du Royaume centralise la politique de recrutement “pour s'assurer le maximum de cohérence de l'ensemble des composantes du groupe”. Une démarche qui n'est pas sans risque, notamment celui des erreurs de recrutement.
Autre témoignage est celui de Lafarge Maroc. Le cimentier pilote sa politique des ressources humaines sur la base des principes (contenus dans une charte) élaborés en 1977. Depuis, cette charte a été légèrement aménagée à trois reprises. Mais ses grands axes, eux, sont restés immuables: “Les hommes sont une ressource rare et convoitée; les collaborateurs constituent la richesse vivante du groupe”; plus la responsabilité est élevée, plus l'aptitude à servir doit l'être”. Lafarge Maroc emploie aujourd'hui 135 cadres dont 95 recrutés depuis 1996. Son taux de turn over est l'un des plus faibles de l'industrie avec seulement 12 départs dont neuf parmi la dernière vague. Le groupe a aussi développé l'actionnariat salarié (40% des employés sont aussi actionnaires) et a distribué des stock-options à une vingtaine de cadres.
2/ Ce qu'attendent les cadres de leur employeur ?:
Plus que ne pourraient le penser les dirigeants, le développement des compétences, les perspectives de carrière sont des facteurs déterminants dans l'attachement des cadres à leur entreprise. Sur le plan professionnel, ces derniers attendent que leur entreprise leur offre de réelles possibilités d'évolution. Ils citent en priorité des plans de mobilité interne, des bilans de compétences ou de carrière et des programmes de gestion des hauts potentiels. La possibilité de faire carrière et d'évoluer professionnellement constitue une attente majeure pour 69% des cadres interrogés. Les bilans de compétences, de carrière et de progrès personnels reviennent dans les aspirations pour plus de la moitié des cadres (54%). Selon les données de l'enquête, seul un quart d'entre eux a accès à ces pratiques.
Du côté des entreprises, la mise en place de processus de gestion des carrières apparaît en tête des priorités des actions dans la fidélisation. Mais seul un peu moins de l'échantillon (44%) affirme avoir concrétisé sa politique.
3/ Les profils de cadres qui claquent la porte :
Les démissions touchent surtout la population des cadres opérationnels, ceux qui sont dans les métiers de développement de l'entreprise, donc cruciaux pour son avenir: ingénieurs, techniques, commerciaux et marketing, etc. Fidéliser ses meilleurs éléments est d'autant un enjeu crucial que les départs ne sont pas forcément compensés par les arrivées, l'offre de profils pointus étant insuffisante sur le marché.
PARTIE II : LA GRH ET
LES SPECIFITES DE L’ENTREPRISE MAROCAINE
A/ UNE ORGANISATION TAYLORIENNE :
Si l’on observe le fonctionnement de l’entreprise marocaine, on se rend
compte très aisément que la place qu’occupe la gestion du personnel est
secondaire.
Le système de gestion, aujourd’hui, couramment
rencontré dans les entreprises au Maroc est très défavorable à une gestion
dynamique des hommes.
Le système d’organisation est fondamentalement taylorien :
parcellisation des tâches, séparation entre travail de conception et celui des
exécutions, structures hiérarchisées, nombreuses lignes hiérarchiques…
Dans un cadre de travail pareil, en matière de gestion du personnel,
l’intérêt n’est porté qu’à ce qui est imposé par la loi et les
règlements . De plus, il importe de préciser que le cadre taylorien du
travail dans les entreprises au Maroc a des caractéristiques propres.
B/ REALITES PROPRES GENERANT UNE GRANDE COMPLEXITE :
Compte tenu d’un certain nombre de caractéristiques propres à la
société, et à l’économie marocaine, le système taylorien a rendu difficile la genèse d’un modèle de
gestion du personnel propre.
Il ne s’agit pas d’un système d’organisation volontairement adopté par
le patron marocain ; En fait, c’est un héritage légué par les entreprises
crées pendant la période coloniale et qui n’a pas, à ce jour, connu d’évolution
profonde. On peut avancer que les principes tayloriens encore, à ce jour,
enracinés dans les esprits sont généralement appliqués -du moins dans les PME-
par imitation sans connaissances ni de leur origine ni de leur fondement.
La conséquence de cette situation
est qu’en matière de gestion du personnel, l’organisation du travail revêt des
modalités extrêmement hétérogènes : les principes tayloriens ont été
greffés à un contexte culturel, dans lequel et pour lequel ils n’ont pas été
conçus.
Le travail sur la chaîne isole les individus
les uns des autres, réduit au minimum la communication interindividuelle ;
Or, au Maroc, le besoin de vie en groupe et le désir d’être ne permanence dans
les rapports de communication font que le système taylorien »pur » ne
peut avoir d’existence. La conséquence est que :
· Le personnel brise cet
isolement ;
· Se génèrent des
problèmes de discipline (abandon du poste).
C/ LE PERSONNEL : DOMAINE DE GESTION NEGLIGE :
La gestion du personnel est avancée dans quelques entreprises mais
marginalisée dans l’ensemble. C’est un domaine qui ne semble pas constituer la
priorité chez les dirigeants . Ce qui les intéresse chez le personnel c’est la
réalisation du volume de production envisagé . Ce phénomène est frappant
et existe même chez les jeunes dirigeants .
Les employeurs considèrent, généralement, le personnel comme un
« coût » qu’il faut réduire tant que possible. Réduire signifie payer
le minimum, ignorer les besoins requis pour que le travail soit bien réalisé…On
rencontre même des entreprises qui ne respectent pas la loi en matière de
salaire (SMIG).
D/ LE PERSONNEL : UN COÜT A REDUIRE :
Réduire la masse salariale signifie également limitation de
l’encadrement en termes d’effectifs comme en qualité : Les entreprises
marocaines sont souvent sous encadrées. Par contre, là où les entreprises
doivent faire un effort de rationalisation des dépenses, il y a du vide ce
qui accroît dans de grandes proportions leurs charges !!
Dans la plupart des entreprises
l’administration constitue la principale préoccupation des responsables du
personnel : dossiers, fiches et fichiers, paie, relations avec les
organismes sociaux…. etc.
Cette négligence de la gestion du personnel est doublée d’un manque
d’intérêt du système éducatif et de la recherche à l’égard de cette
discipline .
PARTIE III : LA GRH AU SEIN DE L’ADMINISTRATION
La
GRH au sein des administrations
présente des handicaps, dont les moindres ne sont pas le lourd
héritage politiques de recrutement qui
avaient cours dans un passé récent, et l’absence de méthodes partagées.
La gestion des ressources humaines au sein des administrations publiques
suppose un ensemble de réformes et une vision globale qui aillent au-delà de la
simple et traditionnelle dénonciation des "tares" de
l’Administration, d’une façon générale. Concevoir et faire aboutir des réformes
partielles, sans lier les unes avec les autres, comme il était de coutume, ne
semblent plus suffire. La question déborde largement la simple réforme et
concerne aussi bien la modernisation que l’amélioration des capacités de
gestion des ressources humaines de l’Administration.
Dans un rapport de synthèse, rédigé par des experts de l’Administration
dans le cadre du Programme national de modernisation et d’amélioration des
capacités de gestion de l’Administration, la gestion des ressources humaines
est posée comme "l’un des axes prioritaires", l’élément déterminant
de toute action visant à une véritable réforme des comportements de
l’Administration. Cet axe est d’autant plus important que, comme soutenu dans
le rapport en question, plusieurs raisons expliquent ce choix de la gestion des
ressources humaines comme axe prioritaire du programme global visant
l’amélioration des capacités de gestion de l’Administration, programme lancé
dès 1994 avec le concours du PNUD.
C’est ainsi que "l’adhésion des
fonctionnaires aux objectifs de l’Administration, leur engagement effectif dans
le processus de changement, leur attitude et leur comportement dépendent de la
place réelle qu’occupera la gestion des ressources humaines au sein des
administrations".
Outre que les stratégies de changement
doivent s’appuyer sur des questions de vision partagée, ce qui peut déterminer
le succès ou l’échec des réformes engagées a trait aux "décisions
concernant le recrutement, la gestion des carrières, la rémunération, la
promotion, la formation ou encore le redéploiement du personnel", autant
de décisions "capitales tant pour l’Administration que pour les agents
concernés" sans l’adhésion desquels toute réforme devient problématique.
Dans ce contexte les questions qui se posent sont relatives à l’engagement de
conduire et de réussir le changement, à la compréhension de ses enjeux, tant
pour les services concernés que pour les usagers, en passant par la nécessité
de "bâtir les coalitions et les lobbies pour appuyer le projet de
changement".
Au-delà de ces questions de
base qui déterminent le changement dans l’Administration, la viabilité des
projets de gestion des ressources humaines sera définie par rapport à la
manière d’institutionnaliser le changement, aux instruments élaborés "pour
mesurer les progrès réalisés tant pour le changement que pour le processus de
sa mise en place". Privilégier la gestion des ressources humaines pose la question non plus
en terme de coût à supporter mais de valorisation de l’investissement du
potentiel humain.
La réduction des effectifs (une réalité dans les faits comme le montre
la tendance depuis les années 60) n’entraîne pas nécessairement une dégradation
du service public.
La politique de désengagement de l’Etat, l’impact grandissant des
nouvelles technologies et la tendance aux ressources budgétaires, participent à
cet "environnement" qui fait que les ressources humaines de
l’Administration ne peuvent que s’inscrire dans les "exigences politiques,
économiques et sociales", faut-il le souligner, en pleine mutation, aussi
bien sur le plan interne (dynamisation de la vie politique et associative,
participation plus accrue des populations à la gestion des affaires publiques,
insertion plus marquée de la femme dans la vie active) qu’externe
(mondialisation, intégration du pays dans la zone de libre-échange euro
méditerranéenne).
Dans cette logique, "la vision retenue est celle d’une gestion des
ressources humaines adaptées à une Administration qui réglemente au lieu de
gérer, fait faire au lieu de faire, produit des services au moindre coût et
dans les meilleurs délais, agit dans la transparence et l’équité". Avec le
pacte de bonne gestion, sorte de charte d’honneur à laquelle devra adhérer
chaque fonctionnaire, aussi bien au niveau central que local, les dispositions
à prendre doivent permettre de donner une impulsion nouvelle et décisive au
programme de modernisation de l’Administration, de plus en plus soucieuse de sa
crédibilité et de son efficacité.
La levée des contraintes qui pèsent
sur les capacités de gestion des ressources humaines de l’Administration
(absence de politique générale, méthodes de gestion inadaptées) conditionne
largement la mise en œuvre d’un tel pacte de gestion. L’absence d’un cadre
commun de référence à l’Administration montre que "faute d’une vision
stratégique d’ensemble et d’un programme couvrant les administrations
intervenant dans le processus de gestion, les actions de modernisation les plus
déterminées ne peuvent avoir un effet durable et structurant", car
"elles dépendent le plus souvent de la seule volonté des personnes qui les
ont initiées". Le diagnostic ajoute encore qu’au-delà "des statuts et
règlements qui régissent la situation des personnels, les administrations ont
besoin d’un cadre de référence commun qui pose les principes et définit les
orientations à partir desquelles chaque Administration pourrait établir son
schéma directeur pour les années à venir" en matière de ressources
humaines.
L’absence d’un système
d’information pour la gestion des ressources humaines de l’Administration est
un autre handicap à l’amélioration des actes de gestion limités, pour
l’essentiel, "aux besoins du contrôle financier".
Par ailleurs, l’aboutissement
des réformes envisagées dans la gestion des ressources humaines de
l’Administration passe, enfin, par la qualité de l’écoute accordée à
l’Administration elle-même et plus particulièrement à ses agents.
Les doléances des citoyens comme de l’entreprise face à l’Administration
sont plus ou moins connues, marquées par un "sentiment de méfiance et de
crainte, dans un contexte où il est reproché au fonctionnaire de ne pas avoir
suffisamment le sens de l’écoute, d’être insensible au temps qui passe et
d’être peu au fait des difficultés de l’entreprise et de l’investissement
", notamment. La liste des doléances des agents de l’Administration
insiste particulièrement sur les méthodes de recrutement, de promotion, de rémunération,
de mobilité et de formation... "qui sont autant d’aspects pertinents de la
carrière du fonctionnaire". L’absence d’analyse prévisionnelle des emplois
et des compétences, est-il ajouté, contribue à faire perdurer des politiques de
recrutement qui ne favorisent guère les velléités de modernisation de
l’Administration. Les mécanismes de nomination des fonctionnaires aux postes de
responsabilité qui peuvent différer d’un département à l’autre, sont parmi les
doléances qui font valoir que seuls "le mérite et la compétence"
doivent prévaloir dans les nominations. Pour ce faire, il est préconisé le
développement des "techniques d’évaluation et de jugement des
candidatures, parfois par le recours systématique aux organismes spécialisés du
secteur privé, dans d’autres cas par la mise en place de véritables agences
d’évaluation au service des administrations". Dans la foulée, il est
précisé encore que "les pratiques les moins élaborées consistent à créer
des commissions mixtes ad hoc d’entretien et de sélection chargées de valider
les candidatures et de veiller à l’adéquation entre postes, profils et missions
avant de les présenter à l’autorité gouvernementale concernée".
La mise en place de mécanismes de recrutement et de nomination plus en
rapport avec les exigences d’une Administration moderne, efficiente, permet de
corriger en amont les dysfonctionnements qui peuvent apparaître ultérieurement
avec une politique sans visibilité, sans fenêtre ouverte sur l’avenir grâce,
précisément, à une analyse prévisionnelle des besoins et des compétences de
l’Administration des années à venir. La promotion, qui obéit à une politique de
quotas, subissant souvent la pression des partenaires sociaux, devrait être
liée à des examens d’aptitudes professionnelles et aux concours.
Question importante entre toutes, la rémunération qui n’entretient pas
de lien particulier avec le rendement se distingue également par "l’écart
considérable qui existe entre le salaire le plus bas et le salaire le plus
élevé de la fonction publique...rapport de 30 pour 1, contre 13 pour 1 en
moyenne dans les pays à économie comparable".
Cet écart qui est loin d’être comblé par les suppléments de salaire
(heures supplémentaires) et autres avantages en nature octroyés dans la plupart
des administrations reste un important facteur de dysfonctionnement
administratif manifeste dans les relations avec l’usager des services
administratifs.
La disparité des traitements et salaires se
retrouve même au niveau de "catégories justifiant au commencement de leur
carrière de diplômes universitaires équivalents".
La mobilité du personnel et la formation continue viennent s’ajouter à
cette litanie des griefs que présentent les agents de l’Administration ; griefs
qui rendent encore d’autant plus difficile une gestion rationnelle des
ressources humaines au sein des administrations publiques.